Chapitre 12
Web et Internet

Quelle est la différence ?
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Internet et web... on utilise ces termes tous les jours de façon interchangeable. Pourtant, ce sont deux choses distinctes.

Les réseaux

Un réseau est un ensemble d'entités interconnectées (ordinateurs, appareils, ou systèmes) qui communiquent entre elles pour échanger des informations ou partager des ressources.

Par exemple, chez toi, ton téléphone, ton ordinateur, ta télé, ton imprimante, ta vidéosurveillance etc... sont connectés via ta box internet. Ils forment ton réseau domestique privé et sécurisé, empêchant tes voisins d'accéder à tes données.

Ta box a de multiples fonctions. Entre autres :

  • Orchestration du réseau domestique : attribution des adresses IP.
  • Sécurisation : pare-feux, contrôles parentaux, VPN.
  • Passerelle vers l'extérieur : communication avec le Fournisseur d'Accès à Internet (Orange, Free, SFR, Bouygues...).

Dans le chapitre sur les protocoles de communication, nous avons comparé Internet à un système postal composé de bureaux locaux et de centres de tri.

Ta box, c'est le bureau de poste de ton village, le point de départ de tes communications vers le monde entier.

Internet

Il s'agit d'un gigantesque réseau interconnectant de plus petits réseaux à travers le monde. Câbles sous-marins, satellites en orbite, antennes relais, centres de données colossaux et milliards d’appareils connectés forment cet écosystème complexe permettant le transport d'informations en un clin d’œil sur de grandes distances.

En 1969, la DARPA, l'agence de recherche technologique de la Défense américaine, a créé ARPANET. C'est le premier réseau à grande échelle basé sur le concept de commutation de paquets : les données sont découpées en petits morceaux puis réassemblées à la fin du transfert.

Avant ça, les réseaux fonctionnaient majoritairement par commutation de circuit. C'est par exemple ce qu'on voit dans les films représentant les centres d'appels téléphoniques des années 50. Les opératrices connectaient manuellement des lignes pour établir une communication directe et privée entre deux interlocuteurs. La ligne était dédiée à cette communication, tant qu'elle n'était pas terminée, personne d'autre ne pouvait l'utiliser.

La commutation de paquets revient à envoyer un livre page par page dans des enveloppes différentes. Ça permet :

  • De paralléliser les messages. Au lieu d'avoir à attendre la fin du transfert du livre entier pour libérer la ligne, nous pouvons recevoir et envoyer autre chose entre deux pages.
  • D'envoyer chaque page par une route différente pour optimiser la vitesse de transfert.
  • Et surtout, d'être résilient en cas de panne sur une route.

La résilience était l'un des objectifs principaux d'ARPANET. Au cœur de la guerre froide, les USA voulaient développer un réseau qui puisse survivre à une destruction partielle, notamment dans l'optique d'une attaque nucléaire. Le développement d'ARPANET a ainsi introduit des technologies fondamentales, comme les protocoles TCP et IP, qui restent au cœur d'Internet aujourd'hui.

Au début, en 1969, ARPANET reliait quatre universités. Il a pris de l'ampleur par la suite dans les milieux scientifiques et universitaires avant d'être démantelé en 1990.

En 1983, ARPANET et d'autres réseaux indépendants adoptent les protocoles TCP/IP, ils sont maintenant interconnectés et capables de communiquer entre eux.

Ainsi naquit le réseau de réseaux, l'internetwork.

Web

En 1989, le Centre Européen de la Recherche Nucléaire (CERN), était déjà connecté à Internet. Le chercheur britannique Tim Berners-Lee, assisté du belge Robert Cailliau, imagine un outil basé sur Internet pour partager facilement des documents scientifiques. En gros, son projet était de mettre à disposition ce que nous appelons aujourd'hui un site.
Il l'a appelé WorldWideWeb, abrégé en Web. Et oui, c'est de là que vient le "www" !

L'idée de "web (toile)" vient de l’interconnexion entre les pages grâce aux liens, donnant l’impression de voyager à travers une toile d’informations. Ces liens sont qualifiés "d'hypertextes" car ils permettent de créer des connexions dynamiques entre différentes ressources, offrant une navigation non linéaire. Contrairement à un texte classique, où la lecture suit un ordre fixe, les hypertextes donnent à l'utilisateur la liberté de choisir son chemin, transformant l'accès à l'information en une exploration interactive et intuitive. Le mot "hypertexte" date d'un projet de 1965 duquel Tim Berners-Lee s'est inspiré. Le concept en lui-même provient d'études remontant à 1945 visant à reproduire les connexions naturelles de la pensée humaine pour explorer l'information.

Le nom "Web", qui désignait à la base l'outil, a évolué pour représenter tout l'écosystème des technologies développées pour le projet.

En particulier, les trois piliers :

  • HTML (HyperText Markup Language) : le langage utilisé pour structurer et afficher les pages Web.
  • HTTP (HyperText Transfer Protocol) : le protocole permettant la communication entre clients et serveurs Web. Tim Berners-Lee a d'ailleurs développé en 1990 le premier navigateur Web, "Nexus", et le premier serveur Web "CERN httpd".
  • URL (Uniform Resource Locator) : les adresses uniques pour identifier les ressources sur le Web.

En 1993, le CERN a pris une décision cruciale : rendre les technologies du Web libre de droits, ce qui a permis son adoption massive.

Avec le temps, les usages du Web ont évolué, marquant des étapes majeures dans son développement. La vie du Web est souvent découpée en trois phases, trois versions, reflétant les avancées technologiques et les changements dans la manière dont nous interagissons avec l'information.

  • Web 1.0 : le Web "statique" (années 1990 - début 2000). C’était une plateforme essentiellement composée de pages fixes, où les utilisateurs étaient principalement des consommateurs d'informations. Les interactions étaient limitées, et les contenus étaient créés uniquement par les administrateurs des sites.
  • Web 2.0 : le Web "social et interactif" (années 2000 - aujourd’hui). Avec l’apparition de blogs, des réseaux sociaux et de plateformes collaboratives, les utilisateurs deviennent des créateurs de contenu. Le Web 2.0 repose sur l'interactivité, le partage et les communautés en ligne. Les nouvelles technologies ont permis des interfaces plus fluides et dynamiques.
  • Web 3.0 : le Web "intelligent et décentralisé" (émergent). Cette phase s'appuie sur des technologies avancées comme la blockchain, l’intelligence artificielle et les données sémantiques. On en entend beaucoup parler depuis quelques années, notamment grâce à l'essor des crypto-monnaies.

Pour résumer, le Web est une application d'Internet, comme la météo est une application sur ton smartphone. Parmi les autres applications d'Internet, on retrouve entre autres : les emails, la messagerie instantanée, le partage de fichiers, le streaming et les visioconférences, qui utilisent parfois des protocoles différents de ceux du Web.